Développement personnel : pourquoi j'ai arrêté et pourquoi faut-il s'en méfier ?

20-02-2024

Ceux qui me suivent ici depuis un petit bout de temps savent que j'ai longtemps été bercé dans la « mode » du développement personnel. Vouloir « être heureux », « y arriver », en apprendre plus sur moi-même, vouloir « travailler » sur moi comme je pouvais travailler sur un produit. À vrai dire, ce blog est né du désir de partager mes découvertes dans le domaine.

J'ai beaucoup lu. J'ai beaucoup essayé. J'ai beaucoup appris et j'ai aussi beaucoup douté. Je me suis beaucoup remis en question jusqu'à, à un moment, aller moins bien qu'avant de rentrer dans cette mode qui était censée me faire aller mieux.

La CNV (Communication Non Violente), l'ennéagramme, le MBTI, la méditation de pleine conscience, le jeûne, la pensée positive, la « loi » de l'attraction, la « spiritualité New Age », les énergies, les vibrations,… ça n'en finissait jamais. Il y avait toujours quelque chose de nouveau pour se développer encore plus, pour devenir encore un peu plus chaque jour « la meilleure version de moi-même » : foutaises et danger.

Quand tout a commencé : une fragilité psychologique

Comme beaucoup de personnes, je me suis orienté vers le développement personnel suite à des problèmes dans ma vie personnelle. Sans rentrer dans les détails, quelqu'un de proche est tombé malade (maladie psychologique) et ça m'a fait réaliser que je ne voulais surtout pas « passer à côté de ma vie ». J'étais particulièrement fragile psychologiquement à ce moment là et j'avais besoin de « réponses » à mes innombrables questions, j'avais besoin de solutions pour ne pas, moi non plus, tomber malade ou regretter un jour de ne pas avoir eu la vie que j'aurais voulue.

J'ai alors commencé à fouiller internet à la recherche de solutions et je suis tombé sur un grand nombre de personnes (on ne les appelait pas encore coachs ou influenceurs à l'époque mais plutôt blogueurs) qui semblait dire qu'on pouvait « s'améliorer », qu'on avait la responsabilité pleine et entière de ce qui nous arrivait et qu'on pouvait faire « mieux ». Pour cela il suffisait d'appliquer leurs méthodes, de faire comme eux, qui avaient réussi. Au passage il fallait évidemment acheter leur livre, leur formation ou je ne sais quoi d'autre qui vous garantirait une meilleure vie. Mais bon après tout, pourquoi pas ? Qu'est-ce que je risquais à essayer leurs méthodes plutôt que de ne rien faire et continuer à perdurer dans mon mal-être ?

Le livre qui m'avait le plus marqué à l'époque avait été « La semaine de 4H » de Tim Ferris. J'en avais déjà fait un article sur le blog. C'est le premier livre que j'ai eu entre mes mains qui m'a fait me dire : « ah mais en fait, on peut faire autre chose que subir notre sort ? ». Il semblait suffire de suivre ses principes pour se décharger de ce fardeau qu'est le travail salarié.

Mais évidemment, vous imaginez bien que si, grâce à un livre, on pouvait ne travailler que 4H par semaine… ça se saurait. Certes ça paraît évident, mais passé le titre aguicheur, le livre donnait envie de trouver le même type d'astuce que lui. Il donnait envie d'être « meilleur ». Quand bien même je savais que ce n'était pas réalisable, la graine était plantée : il me suffisait de faire encore mieux, d'être plus intelligent, d'acheter ses autres livres, de lire plus, d'être plus malin, d'essayer de nouvelles choses.

Une curiosité intarissable… ou un puits sans fond

Ce qui est bien avec le « développement personnel », c'est que si on est curieux, c'est un puits sans fond. Il y a toujours un nouveau contenu à consommer : les « 9 habitudes qui vont changer votre vie », « le secret du bonheur », « les habitudes des personnes riches », ou je ne sais encore quel autre titre aguicheur. Vous passerez de « l'art subtil de s'en foutre », au « pouvoir du moment présent », aux « quatre accords Toltèques » et à « Pensez et devenez riche ». C'est comme si tout vous était accessible. Comme si vous « n'aviez qu'à faire ce qu'on vous dit » et vos problèmes seraient réglés.

Tout l'univers du développement personnel est basé sur des injonctions du type « yakafokon ». En fait principalement sur des injonctions du type « achète mon livre, et tu seras heureux, si c'est pas le cas, c'est que t'as mal fait ».

Le business de la culpabilité

Le problème, c'est que si ça ne fonctionne pas et qu'on vous a dit que ça devrait fonctionner (car regardez les X exemples que je vous donne, ça a fonctionné pour moi et pour eux, croyez-moi sur parole) c'est forcément que le problème vient de vous. Vous ne faites pas assez bien, vous ne suivez pas assez bien les conseils. Vous devez essayer, encore plus, encore plus fort. Jamais la méthode n'est remise en question, c'est toujours à vous d'être plus dans le moment présent, d'être plus dans la communication non violente, de faire différemment.

C'est à vous d'acheter la prochaine formation, à vous de vous procurer le prochain livre… car oui, évidemment, c'est un business extrêmement juteux qui exploite la vulnérabilité des personnes. Car a priori, si vous allez bien, il n'y a pas de réelle raison de vouloir « aller mieux » ou de vouloir vous « développer » encore plus.

C'est d'ailleurs assez déconcertant de retomber sur un ancien de mes articles où j'explique pourquoi je me mets au développement personnel et où j'avais déjà intégré que le problème « venait de moi ».

Quel serait d'ailleurs l'intérêt, pour les vendeurs de livres et de formations de développement personnel, que vous alliez mieux ? Aucun, on est d'accord. Si c'était le cas, ils n'auraient plus de business et ils scieraient juste la branche sur laquelle ils sont assis.

Alors, que ça soit conscient ou pas, le « développement personnel » n'a aucun intérêt à ce que vous alliez mieux, sinon il ne pourrait pas vous vendre son prochain truc qui va vous changer la vie.

Ok, mais que faire si je veux aller mieux ?

Adressez-vous à un psychologue/psychothérapeute utilisant des techniques reconnues scientifiquement pour leur efficacité comme les thérapies brèves de type TCC (Thérapie Cognitivo-Comportementale). Et si vous voulez continuer à vous « auto-former », lisez des livres de psychologie sur les TCC et leurs applications, ce sont les seules approches qui ont, à ce jour, prouvé leur efficacité scientifiquement.

Fuyez les autres « thérapeutes » en tout genre. Fuyez aussi tous les psychanalystes. La psychanalyse est une pseudo science qui n'a jamais pu prouver son efficacité. Les psychanalystes vont vous parler de Freud, du concept d'œdipe, de Lacan ou de Jung. Pour les reconnaître c'est assez facile, ils utiliseront vos rêves, vos lapsus, vos actes manqués et vous parlerons de libre association pendant la séance. J'y reviendrai dans un autre post de blog, mais si vous voulez en savoir plus, lisez le livre noir de la psychanalyse ou écoutez le fabuleux podcast de Meta de choc sur la psychanalyse.

En conclusion, faites attention à ce que vous lisez et à ce que vous croyez, la santé mentale n'est pas quelque chose à prendre à la légère, et encore moins à confier à des auteurs de développement personnel qui ont pour seul but de vous faire culpabiliser de ne pas « être assez » pour acheter leur prochain livre. Alors il est peut-être temps d'arrêter de se remettre en question et de commencer à questionner les solutions magiques qu'on vous assène à longueur de journée.