Contraception masculine & vasectomie : retour d'expérience

09-06-2023

Être un homme et prendre en charge la contraception. Je dois avouer que c'est une considération assez nouvelle pour moi (j'ai 41 ans). Alors oui, il y avait le préservatif, mais je ne l'avais jamais vraiment considéré comme une « méthode de contraception » à part entière, plutôt comme un passage obligé avant de faire les tests MST qui permettraient de l'enlever. Mais je n'avais jamais vraiment pris le temps de conscientiser l'évidence : ce n'est pas uniquement l'absence de risque MST qui nous permettait de se passer du préservatif.

Je dois avouer que je me sens même un peu honteux maintenant de ne pas avoir considéré ça à l'époque, mais il y avait aussi bien sûr le fait que ma partenaire prenne en charge la contraception. Pas que je ne savais pas qu'elle prenait la pilule, ou qu'elle avait un stérilet, mais plutôt que je ne questionnais pas ces « évidences ». Pas de préservatif pour moi était synonyme de prise en charge de la contraception par ma partenaire, point barre. What else?

Le cheminement

Avant de me renseigner sur le sujet à l'aube de mes 40 ans, je n'ai jamais été confronté dans mon parcours personnel et médical au fait que les hommes pouvaient prendre en charge la contraception dans leurs relations. J'avais vaguement en tête que la pilule ne pouvait pas fonctionner pour les hommes et avais fini par en conclure qui si c'était possible de contracepter les hommes autrement que par l'usage d'un préservatif ça se saurait et on aurait déjà trouvé la parade. Ahah, la blague.

⚠️ À noter : En tant qu'homme, nous n'allons jamais chez un urologue avant d'y être obligé pour se faire contrôler notre chère prostate aux alentours des 50 ans, alors que l'on trouve normal que les femmes se rendent régulièrement chez leur gynécologue. De fait, les sujets de santé sexuelle, de prévention et de contraception restent des sujets qui ne sont jamais abordés dans le parcours de santé d'un homme. Et ça reste donc généralement un sujet à la charge de la femme.

Pour moi, un des déclencheurs a été la découverte d'Instagram (oui je suis vieux) et celle de plusieurs comptes discutant de sexualité au sens large. Je ne me rappelle plus exactement comment je suis tombé sur la vasectomie, mais si la sexualité est un sujet qui vous intéresse je vous recommande notamment le fabuleux compte de Charline Vermont : Orgasme et moi. Je vous recommande aussi son non moins fabuleux livre sur la sexualité pour les 5-14 ans : Corps, Amour, Sexualité (recommandé aux adultes aussi…).

Via ces comptes, j'ai donc découvert qu'il y avait des lieux où l'on discutait de sexualité au sens large, avec des informations de qualité et j'ai pris connaissance des différentes possibilités de contraception pour les hommes.

La contraception masculine

C'est là où je me suis rendu compte qu'il existait déjà plusieurs manières, pour les hommes, de prendre en charge la contraception dans leurs relations :

Maintenant que les bases sont posées, revenons-en à nos moutons : la vasectomie.

Mes motivations

Un petit peu de contexte, lorsque j'ai pris la décision de réaliser une vasectomie, j'avais 41 ans et je n'étais pas en couple. Je suis l'heureux papa de 3 enfants (17 ans, 14 ans et 11 ans au moment de ma décision) et je ne souhaite pas en avoir d'autres.

Une question qu'on m'a souvent posée : « mais comment peux-tu être sûr ? Tu rencontreras peut-être quelqu'un qui en voudra et tu regretteras ». Comme le dit le vieil adage : choisir c'est renoncer. Donc oui, peut-être que ça sera le cas, mais si un jour j'y suis confronté, il faudra juste trouver une autre solution que celle de compter sur ma fertilité.

À savoir qu'il est possible de faire une conservation de sperme dans un CECOS pour les personnes qui ne sont pas aussi certaines que je l'étais. C'est gratuit et pris en charge, tout comme la vasectomie.

Le déclic s'est produit lorsque j'ai réalisé qu'il n'y avait aucune raison que ça ne soit pas moi qui prenne en charge la contraception dans mes relations. La seule raison étant que naïvement, je n'avais jamais vraiment considéré la chose. Je me considérais (et me considère toujours) plutôt « féministe », contre le patriarcat, avec une connaissance de la charge contraceptive, etc. (comment ça, qui a dit « woke bobo gauchiste féministe » ?) Et à un moment je me suis dit « bah mec, t'attends quoi ? Au boulot, va au bout de tes convictions et aligne tes actes avec tes paroles ».

C'est là où j'ai pris rendez-vous chez un Urologue (choisi au pif je dois le dire), le Docteur Paul PANAYOTOPOULOS, a l'hôpital du Mans, que je recommande chaudement à ceux qui habitent aux alentours.

Déroulement de ma vasectomie

N'étant pas un expert du domaine, je ne vais pas rentrer dans les détails techniques de la vasectomie en soi, mais je vais laisser faire les pros. Pour plus de détails techniques, voici quelques sites à ce sujet :

Tout d'abord il faut savoir qu'entre le moment où vous voyez votre urologue et le moment où vous pouvez finalement officiellement vous considérer stérile, il va se passer un délai de 7 mois minimum.

Il y a tout d'abord un délais de réflexion incompressible de 4 mois entre l'opération et le RDV avec l'urologue (la date de l'opération a été fixée lors de ce RDV). Il faut ensuite compter 3 mois après l'opération pour passer un spermogramme qui viendra attester de l'efficacité de l'opération.

En effet, même si la vasectomie empêche directement les spermatozoïdes de passer dans l'éjaculat, il en reste forcément dans les différents conduits. La durée de vie d'un spermatozoïde pouvant aller jusqu'à deux mois, ils prennent un mois de marge en plus « pour être sûr » (ça fait un peu pifomètre tout ça je dois avouer mais c'est comme ça).

D'ailleurs les grossesses indésirées post-vasectomie interviennent généralement dans les deux premiers mois après la vasectomie.

C'est une opération bénigne

C'est une opération en « ambulatoire ». Je suis arrivé à 9H le matin même, et à 13H j'étais ressorti sur mes deux pieds. L'opération en elle même a duré à peine 20 minutes, en anesthésie locale. Je crois que le plus galère au final, c'était de bien s'épiler partout 😅 (attention, utilisation du rasoir interdite, tondeuse obligatoire !)

Ça ne fait pas mal

Aussi bien pendant l'opération qu'après, les douleurs sont vraiment très minimes. Ce qui fait le plus « mal » pendant l'opération, c'est l'anesthésie locale. Mais au final, ça ne fait pas plus mal que lorsque l'on se fait anesthésier une dent, une fois que le produit agit tout va bien (et un peu de gaz hilarant aide à se détendre).

J'ai passé 30 minutes en « salle de réveil » (même si j'étais réveillé car anesthésie locale) puisqu'a priori c'est le protocole et ensuite, je suis reparti avec une ordonnance de Doliprane… qui n'a pas servi. Les seules « douleurs » (j'appellerais ça des gênes plutôt que réellement des douleurs) étaient dues aux bleus sur les testicules suite à l'opération. Donc oui un bleu c'est pas super agréable, mais tant que tu n'appuies pas dessus… ça ne fait pas mal.

L'opération n'empêche pas d'avoir une activité sexuelle

Je crois que ça a été ma première question à l'urologue après l'intervention : « et au niveau activité sexuelle, est-ce qu'il y a des délais à respecter » ? Sa réponse : « non, aucune contre-indication, c'est la douleur qui vous guidera ».

Et en effet, j'ai pu dès le lendemain avoir un rapport sexuel tout à fait normal. J'avais une petite appréhension et voulais valider rapidement que « tout fonctionnait » comme avant, et ce fut bien le cas ! Alors oui, ce n'est pas le moment de tester toutes les positions du Kamasutra, mais aucun souci pour garder une activité sexuelle pendant la convalescence et la disparition des bleus pour ma part.

L'opération n'empêche pas le sport

J'ai évidemment choisi mon moment pour faire l'opération, en pleine préparation du semi-marathon de Saumur ^^ Je me suis fait opérer le jeudi, et j'avais une sortie longue de course à pied le dimanche. Même discours de l'urologue, « c'est la douleur qui vous guidera », et j'ai effectué mes 15km sans aucun problème.

Là où c'était un peu plus délicat, c'est pour le vélo. C'est tout à fait faisable, mais les bosses ne sont pas les bienvenues !

Aucun impact sur l'érection ou l'éjaculat

Voilà le type de question que l'on m'a posées « Mais tu n'éjacules plus alors ? », « Tu peux toujours avoir des érections ? ». En fait c'est assez simple, ça ne change… rien du tout, du tout.

Toujours la même « quantité » d'éjaculat, toujours les mêmes érections. C'est vraiment juste tout à fait pareil, sauf qu'il n'y a plus de spermatozoïde dans le dit éjaculat (et ce n'est pas perceptible). Donc là dessus, aucun doute à avoir, vous ne perdrez pas de votre « virilité » messieurs !

Aucun point de suture

Alors ça, je dois avouer que c'était la cerise sur le gâteau. Je n'en avais pas connaissance, mais il existe plusieurs manières de réaliser une vasectomie, et notamment une manière appelée « vasectomie sans bistouri ». Coup de chance, c'est celle que pratique mon urologue. Elle a un avantage non négligeable : il n'y a aucun point de suture. Juste de la « colle » à deux endroits. Vous voyez la colle glue ? Eh bien idem, mais sur vos testicules. La colle disparait au bout de quelques jours et c'est tout. Rien de particulier à faire post-opération.

Au bout de deux semaines, quasi normalité

Les bleus et la colle ont mis à peu prêt deux semaines à totalement disparaître. Aucune cicatrice n'est visible ensuite et tout est donc de nouveau comme avant. Pour ma part, j'ai ressenti pendant plus longtemps une gêne sous les testicules, gêne apparemment due au fait que les spermatozoïdes continuent à être produits le temps que le corps « comprenne ». Cette gêne est encore présente de temps en temps trois mois après mais s'atténue de plus en plus, elle peut a priori durer jusqu'à 6 mois. Rien de rédhibitoire et ça s'estompe petit à petit.

Le point final : le spermogramme

Faire la vasectomie ne suffit pas à pouvoir se considérer stérile. Comme expliqué plus haut il faut attendre que les spermatozoïdes produits antérieurement meurent puis s'assurer que l'opération a bien fonctionné en mesurant le nombre de spermatozoïdes présents dans l'éjaculat.

Il faut donc réaliser un spermogramme au sein d'un centre d'Assistance Médicale à la Procréation 3 mois après l'opération. Pour ce faire une ordonnance m'avait été donnée à la sortie de mon opération et la prise de RDV s'est faite directement sur internet. J'ai eu un délais de 3 semaines environ entre la prise de RDV et le RDV à la clinique du Tertre Rouge au Mans (seul endroit en Sarthe où ce test est possible).

Et je crois que c'est la partie de la vasectomie que j'ai trouvé la plus désagréable au final ^^ À 7h45 du matin, dans une salle austère d'hôpital, avec comme consigne d'éjaculer dans un bocal. Le tout avec des films porno qui tournent en boucle au mur, du « papier » en rouleau étalé sur un banc et les infirmières qui se racontent leur soirée dans le couloir. Je vous passe les détails, les images se passent de commentaires !

Salle spermogramme

Salle spermogramme

J'ai eu mon résultat dans la journée : « Efficacité occlusive confirmée. Aucun test supplémentaire nécessaire. » 🥳

Allez les gars, c'est à vous de jouer ! Et si vous avez des questions, n'hésitez pas à me joindre par mail vincent@jousse.org je me ferais un plaisir d'y répondre.