Ma double vie
18-08-2014J'ai un truc à vous avouer, je suis un looser. Si je regarde les 15 dernières années de ma vie, ce n'est qu'échec, déception et malchance :
- Je loupe la mention bien au BAC à cause d'un 5 en philo : j'ai oublié de rendre une partie de ma copie que j'ai retrouvée dans mon sac ensuite.
- Je refuse d'aller en classe préparatoire aux grandes écoles alors que j'y étais accepté. Par facilité, je choisi un IUT informatique pour obtenir un BAC+2.
- J'obtiens tant bien que mal mon DUT après deux années laborieuses et je trouve un boulot de développeur informatique dans une boîte au Mans.
- Je me fais royalement chier au bout de deux ans si bien que je décide de retourner à la FAC en licence.
- Jeune papa et marié, je mets ma famille en mauvaise posture en quittant mon job et en redevenant étudiant.
- Je suis obligé d'arrêter le sport : opération d'hernie discale à 23 ans.
- Après ma licence et mon master, ne sachant toujours pas quoi faire de mes 10 doigts, je continue les études en thèse. Reculer pour mieux sauter ?
- Reprise du sport : récidive d'hernie discale à 28 ans, deuxième opération. Quand on aime …
- À la fin de ma thèse que j'ai d'ailleurs failli ne pas finir, je décide de ne pas passer ma qualification : je ne pourrai pas être titulaire d'un poste de Maître de conférences à la FAC (enseignant-chercheur).
- J'enchaîne les boulots dans le privé pendant trois ans n'étant pas capable de me stabiliser.
- Au bout de trois ans, j'ai l'opportunité de me poser et de travailler à mi-temps à la FAC.
Donc, à 33 ans, docteur en informatique, j'ai un boulot à mi-temps à la FAC qui me permet de gagner un SMIC par mois. J'aurais pu faire une grande école, devenir ingénieur dans une grosse boîte, bien gagner ma vie … Ou alors j'aurais pu être Maître de Conférences à la FAC, fonctionnaire, avec un boulot sympa, mais non. À cause de mes mauvais choix, ce n'est pas le cas.
C'est pas la loose ça ?
Mouhahahha. Si vous suivez un peu ce blog, vous vous doutez déjà que bien au contraire, c'est le pied ! Voilà une autre façon de voir les choses (la mienne) :
- J'obtiens mon BAC S avec mention, 13.8 de moyenne. J'aurais pu avoir mention bien, et alors ?
- Je prends ma première « décision d'adulte » : j'irai apprendre un métier en IUT au lieu de m'abrutir le crâne en prépa pour n'avoir, au bout de deux ans, toujours aucun diplôme.
- Après deux années étudiantes exceptionnelles à Nantes loin des parents, je décroche mon DUT et trouve mon premier vrai travail dix jours après !
- J'acquiers beaucoup d'expérience et de plomb dans la tête grâce à ce travail, si bien que je décide qu'il est temps pour moi de me lancer un nouveau challenge : je décrocherai un BAC+5.
- Grâce à mon DUT et mon expérience professionnelle, j'obtiens ma licence et mon Master Recherche major de promo (ou pas loin) à chaque fois.
- Voulant enseigner à la FAC, mon prochain challenge sera celui-là : obtenir une thèse tout en étant papa pour la 3ème fois. Ça sera le cas 3 ans et demi plus tard.
- Je crée ma première entreprise et j'acquiers plein d'expérience dans le privé. J'aurais notamment l'occasion de travailler avec une Start-up New Yorkaise.
- En parallèle, je fais des interventions en tant que vacataire à la FAC.
- Actuellement, j'ai la chance de travailler à mon propre compte et de pouvoir être enseignant-chercheur à mi-temps à la FAC grâce à ma thèse. Je fais ce que j'aime et je gère mon emploi du temps… que demander de plus ?
Je viens de vous raconter à peu près la même histoire, la mienne, mais vue sous deux angles différents. Sans hésitation, je choisis la deuxième façon de voir les choses, pas vous ?
Nous sommes tout le temps amenés à faire des choix et nous sommes tout le temps en train de nous demander si nous avons fait le bon. Mais pour moi, la notion de bon choix n'existe pas. Il y a du bon à tirer dans chacun de nos choix, quoiqu'il arrive.
Choisir un DUT alors qu'on est accepté en école prépa peut sembler être un mauvais choix. Mais sans ça, peut-être que je n'aurais jamais eu de thèse et que je serais en train de morfondre dans un job qui ne me plait pas mais qui gagne bien. Ou peut-être pas. Qui sait ?
Peu importe à vrai dire. Je n'ai pas choisi tout ce qui est arrivé dans ma vie, par contre j'ai choisi la manière dont j'y réagissais.
Et vous, comment choisissez-vous de voir votre vie ?